Mangou – qui a déjà travaillé avec Mills et déjà dirigé cette œuvre – maîtrise sa partition de bout en bout. Véritable métronome, sa battue est précise et ses indications claires. Cette direction millimétrée et parfaitement calibrée est une nécessité tant l’association des sons électroniques et du symphonique semble parfois risquée, les deux semblant comme danser au bord d’un gouffre où il serait aisé de sombrer.
Mills joue sans partition, de mémoire, et laisse donc une place à l’improvisation et à l’erreur. Il regarde très régulièrement le chef qui lui signifie les grands changements harmoniques ou les ruptures de tempo. Les deux hommes dialoguent réellement et construisent ensemble la pièce. On est surpris de parfois se demander si tel ou tel son vient de l’orchestre ou des platines, tant certaines couleurs sont proches et complémentaires. Mais les couleurs ne sont pas les seules à entrer en résonance. A de nombreuses reprises, Mills reprend aux platines des mélodies initiées à l’orchestre ou bien encore des rythmes. Les correspondances sont larges et l’orchestre devient le véritable partenaire de jeu de la machine avec laquelle chacun dialogue. Point de lutte mais une véritable coopération s’installe pour peindre la beauté et la grâce du système solaire.
L’ensemble est hétéroclite mais ô combien appréciable. Une véritable fascination sonore s’empare de l’auditoire transporté dans un ailleurs musical. Jeff Mills, ovni de la scène techno propose donc une œuvre à son image : riche, inspirée, mystique.

Par Camille Grimaud, 31 mars 2017
bachtrack


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